Nos amis allemands (comme on dit) ont finalement choisi de débrancher leurs dernières centrales nucléaires le 15 avril. Ceci, contrairement à ce qui semblait se dessiner depuis quelques mois, et à ce que nous avions écrit ici même.
On serait tenté d’en conclure que sortir du nucléaire, et pourquoi pas des combustibles fossiles, en leur substituant des énergies renouvelables non émettrices de CO2, c’est possible.
Il faut y regarder de plus près.
En 2022 la production électrique allemande à base de charbon-lignite-pétrole avait diminué de 91 TWh par rapport à 2015.
En 2022 la production électrique allemande d’origine nucléaire avait diminué de 54 TWh par rapport à 2015.
Donc au total une diminution de 145 TWh des productions maudites. Comment a-t-elle été rendue possible ?
L’éolien et le photovoltaïque ont apporté moins de la moitié du nécessaire : 70 Twh de plus. Les 75 TWh restant sont venus d’une part d’une réduction de 65 TWh de la production totale (car l’Allemagne produisait nettement plus que ses besoins et était donc fortement exportatrice), d’autre part d’un recours plus poussé au gaz naturel (+ 16 TWh) le solde venant d’une petite variation à la baisse de diverses sources secondaires.
En résumé on a surtout réduit la production globale. Le solde exportateur de l’Allemagne étant encore de 18,6 TWh en 2022, soit la moitié de la production d’origine nucléaire, on peut imaginer qu’il sera assez facile de compenser l’arrêt du nucléaire par l’arrêt des exportations, voire un peu d’importation d’électricité norvégienne.
Il sera plus compliqué de sortir des combustibles fossiles, en particulier du gaz dont la place s’affirme et se renforce en dépit de l’affaire ukrainienne, car chacun sait que les énergies renouvelables « propres » (sauf l’hydraulique qui compte peu) sont susceptibles d’énormes évanouissements d’origine climatique que le gaz seul peut compenser.