Foire aux questions

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’éolien sans oser le demander : opinions courantes, objections, réponses, sujets bien faits pour s’étriper en famille …

On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs

Autrement dit il faut bien se résigner à quelques dégâts environnementaux pour atteindre le but recherché : produire de l’électricité. D’ailleurs on a bien noyé quelques villages sous des lacs de barrage, autrefois (Tines, Savines, etc.). Alors ma foi, quelques champs d’éoliennes, d’ailleurs démontables, pourquoi tant de bruit ?

Oui, mais les grands barrages produisaient vraiment de l’électricité, efficace et à disposition au moment voulu. Ce n’est pas le cas des éoliennes qui se déploient sur d’énormes surfaces et ne permettraient des stockages de puissance électrique qu’au prix de travaux supplémentaires très couteux.

La décarbonation de l’économie va nécessiter de plus en plus d’électricité, et l’éolien et le solaire sont les seules techniques de production disponibles pour en produire plus sans émission de CO2.

Faux : il y a aussi le nucléaire. Mais si on renonce au nucléaire, en effet il faudra se contenter de l’éolien et du solaire (sachant que l’hydroélectrique n’a plus beaucoup de potentiel d’extension).

Or, si on se contente d’éolien et de solaire (en supposant que la puissance installée soit suffisante) il faudra l’adosser à une base de centrales au gaz assez importante pour compenser les « trous de production » de ces énergies intermittentes (la nuit ou le mauvais temps pour le solaire, l’insuffisance ou l’excès de vent pour l’éolien). Donc, étendre l’éolien c’est consolider ou étendre l’usage du gaz, qui émet du CO2 : comment faire le contraire de ce qu’on voulait faire.

Il y a toujours du vent quelque part !

En tout cas à l’échelle de l’Europe occidentale c’est faux. Les grands courants cycloniques touchent à peu près tout le monde en même temps, ou évitent tout le monde en même temps, plus ou moins selon les endroits bien sûr.

Une éolienne, c’est beau !

Ce n’est pas faux. Une seule éolienne de taille moyenne et astucieusement placée, par exemple au sommet du Crêt du Nu, serait une idée intéressante. Elle signalerait ce point culminant invisible à l’état naturel et pourrait être en soi une attraction touristique, un symbole du pays.

Mais une rangée de 15 éoliennes sur dix kilomètres de long, ça ne signifie rien. La cathédrale de Strasbourg avec sa flèche de 140 m, c’est magnifique, mais personne n’aurait l’idée de planter 15 cathédrales de Strasbourg sur une longue crête montagneuse.

C’est une production locale au service du local.

Faux : le courant produit rejoint évidemment le réseau général.

Si on en met, c’est bien la preuve que c’est rentable.

Ce n’est la preuve de rien. A l’état naturel (si on peut dire) l’éolien n’est pas rentable dans le cadre d’une économie libérale, sauf peut-être dans des conditions très favorables (bandes côtières, offshore ?). Il ne peut l’être que si la puissance publique l’aide. Pourquoi pas, si on estime que cette technique de production électrique est d’intérêt public. Après tout l’État s’est engagé pour aider les chemins de fer au XIXème siècle car il s’agissait d’un investissement dépassant les capacités de simples entreprises privées. Pourquoi ne ferait-il pas la même chose pour l’éolien ?

Oui, mais les chemins de fer, à l’époque de leur lancement, ont divisé par 7 tous les temps de parcours : c’était un évènement capital dont les autorités étaient parfaitement conscientes. L’éolien n’est qu’une technique poussive si on pense à l’espace qu’il accapare et au peu d’électricité qui en sort. Pour produire annuellement autant que la centrale nucléaire du Bugey il faudrait 4 000 ou 5 000 éoliennes, et 400 ou 500 pour produire autant que Génissiat.

Mais alors, comment se fait-il qu’on essaye d’en installer un peu partout ?

L’électricité éolienne est vendue à un prix plancher garanti par l’État, calculé de façon que sa production soit non déficitaire. Bien pratique (d’autant que c’est le consommateur qui paye). D’autre part les investissements dans l’éolien permettent aux compagnies pétrolières et gazières, aux gros émetteurs de CO2 comme les cimentiers, d’obtenir des « crédits carbone », soit plus concrètement des droits à continuer d’émettre du CO2 dans leurs activités traditionnelles pourvu qu’ils investissent dans des actions non émettrices comme l’éolien, ou captatrices de CO2 comme la plantation de forêts, etc. En gros, planter des éoliennes ici, c’est acheter des droits pour continuer à polluer ailleurs.

La suite plus tard, les amis !