De l’effet magique des pourcentages

Dans les premières semaines de 2024, et même parfois dès les derniers jours de 2023, dans le Landerneau des énergies nouvelles résonna l’annonce de la divine surprise : pour la première fois en Allemagne la production d’électricité à partir de source renouvelables dépassait la barre symbolique des 50%.

On parlait tantôt de 52%, tantôt de 55 voire de 57%.

Puisqu’on vous le disait qu’on arriverait un jour, et sans nucléaire, à produire de l’électricité totalement propre.

Qu’en est-il réellement ?

D’abord il faut garder à l’esprit que « renouvelable » n’est pas forcément équivalent à « vert ». La biomasse (le bois, la méthanisation, tout ça) est considérée comme renouvelable mais émet des gaz à effet de serre, justement ce qu’on voudrait éviter. Idem pour les méthodes classées pudiquement dans la rubrique « autres » et qui sont essentiellement des brûlages de déchets. Si des 57% d’électricité « renouvelable » on soustrait les 8% de « biomasse » et les 6% de « autres » on ramène le pourcentage d’énergies renouvelables vertes à 43%. On est nettement en dessous des 50%.

Ensuite il faut se méfier des présentations de chiffres sous forme de pourcentages. Churchill disait qu’il y avait trois degrés dans le mensonge : le mensonge simple, le gros mensonge, et pire, la statistique. J’ajouterais que, vraiment diabolique, il y a la statistique en pourcentages.

Comment concrètement, et en térawatts/h, a évolué la production électrique allemande entre 2019 (avant le Covid) et 2023 ?

La production à base de fossiles est passée de 266 à 217 TW, soit une baisse de 49 TW. La production nucléaire est passée de 75 à 7 Tw, soit une baisse de 68 TW. Au total les méthodes « maudites » ont perdu 117 TW.

Sachant que la biomasse et les « autres » sont restées quasiment stables au niveau plutôt modeste de 70 Tw, le développement des énergies renouvelables vertes aurait dû, toutes choses égales par ailleurs, produire les 117 TW manquant. Or on en est loin. L’hydroélectricité n’a pas varié. L’éolien n’a donné que 12 TW de plus, et le photovoltaïque 16. Donc 28 TW de progression de l’énergie verte pour 117 TW de recul des énergies sales, il nous manque 89 TW.

Comment a fait l’Allemagne pour survivre avec ce trou de 89 TW ? Une analyse plus fine des chiffres montre qu’elle a économisé 39 TW (comment ? probablement en délocalisant vers la Pologne certaines industries) et qu’elle s’est procuré les 50 autres TW en important de l’électricité (notamment de France où elle est nucléaire et de Pologne où elle est charbonneuse à souhait) alors qu’autrefois elle en exportait.

Voilà ce qui s’appelle refiler une partie de ses problèmes aux voisins.

Pour conclure, refaisons les divisions. En 2019 L’Allemagne produisait 608 TW dont 197 « propres » (vent, soleil, eau) soit 197/608 = 32%. En 2023 elle produisait 515 TW dont 225 « propres », soit 225/515 = 43%. Cette progression des pourcentages étant surtout due à la baisse du dénominateur dans la division puisqu’il passe de 608 à 515. S’il était resté le même, la part des énergies vertes serait passée de 32 à 37%, et non 43% C’est cela l’effet magique et menteur du pourcentage.

(Tous les chiffres cités viennent de Wikipedia , « électricité en Allemagne »).

24 avril 2024. L’application de la loi du 10 mars 2023 dite « accélération des énergies renouvelables ». Point intermédiaire.

La situation est devenue assez confuse, voire un peu surréaliste. La loi fixait à novembre 2023 le délai de remise par chaque commune d’une proposition de « zone d’accélération » au référent départemental. Cette proposition devait être précédée par une consultation de la population, dont la forme était laissée à l’appréciation de chaque commune.

Ce délai intenable a été repoussé au 31/03/2024.

Puis cette même date du 31/03/2024 a été remplacée par celle du 31/12/2024 ! Surréaliste, on vous dit…

Entretemps certaines communes du Valromey avaient fait des efforts pour se conformer à peu près à la loi. Un petit tour d’horizon :

  • Champagne-en-Valromey a organisé en décembre 2023 une consultation sous forme d’une réunion publique. Celle-ci n’a pas connu grand succès selon les échos qui nous sont parvenus. On ne sait pas quelles sont les propositions faites par Champagne, ni même s’il y en a dans la mesure où la nouvelle date butoir est la fin de l’année 2024. Et de toute façon on ne le saura pas facilement puisque les comptes-rendus des conseils de Champagne affichés sur le site web sont muets quant à la substance des délibérations.
  • Arvières en Valromey : pour faire le point de l’actualité municipale il faut faire le voyage, puisqu’il n’y a pas de site web. Si quelqu’un sait quelque chose, nous sommes preneurs des infos. On rappelle toutefois que cette commune avait un projet, assez avancé, de zone photovoltaïque qui a été retoqué à cause d’une autre loi, dite « zéro artificialisation nette ». On comprendrait leur découragement.
  • Valromey sur Séran : le site web permet de lire des comptes-rendus de conseils abondamment rédigés. Mais à fin avril 2024 on ne trouve rien sur la loi d’accélération.
  • Haut-Valromey : bon élève qui a organisé une consultation de la population sur registre entre le 18 et le 28 mars 2024. On ne sait pas pour le moment ce qui en est sorti (aucun compte-rendu de conseil depuis celui du 6/02 n’est visible sur le site web), et on ne sait d’ailleurs pas ce qu’il y avait dans le registre. De toute façon plus rien n’est urgent …
  • Ruffieu : super bon élève qui a organisé une consultation sur registre (qui n’a attiré que 4 visiteurs) entre le 15/03 et le 5/04, et voté une délibération au conseil du 10/04/2024 auquel nous assistions. La commune propose l’ancienne décharge municipale pour une exploitation photovoltaïque (7 585 m2). Elle rappelle l’existence d’un projet éolien sur les crêtes de Valorse, refusé à l’issue des votes des conseils des communes impactées en mai 2023, donc abandonné. Serait-ce toutefois un discret appel du pied au référent départemental ?

Nous verrons bien.

La conférence « un autre visage énergétique de la France est possible » donnée par Joel Guerry au Grand-Abergement le 8 décembre 2023.

Cette conférence a été organisée par la commune de Ruffieu, dont le logo figure sur le « flyer » qui l’annonçait, dans une salle prêtée par la commune de Haut-Valromey. Le tout dans une assez surprenante discrétion. Encore une fois nous ne l’avons su que par hasard et certainement pas par la commune organisatrice. Le fait est que l’assistance fut limitée (29 personnes au total). Les deux communes étaient représentées par leur maire, et aucun conseiller municipal de Ruffieu n’était présent.

Qui est Joel Guerry ? Né en 1951, docteur et ingénieur « en énergies et pollution » c’est aussi un militant de la première heure contre le nucléaire dans ses différentes déclinaisons, militaires et civiles. Selon un article de la Voix de l’Ain du 19/07/2019 il manifestait déjà contre Superphénix en 1971, à 20 ans, donc bien avant d’avoir achevé ses études. Il annonce dès le début de sa conférence – et c’est bien de dire clairement d’où il parle – être membre de « Sortir du nucléaire Bugey » et du « Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN) ». Toutefois son exposé, qui va durer plus d’une heure et demie, n’est pas consacré à une démonstration de la nocivité du nucléaire en soi ; cette nocivité est implicitement admise comme un fait évident. Les accidents (Tchernobyl, Fukushima) sont à peine mentionnés et le risque d’accidents n’est abordé que sous l’angle du coût des mesures de sécurité, coût qui compromettrait la rentabilité de ce mode de production de l’électricité.

À la demande de plusieurs auditeurs, Joel Guerry s’est engagé à leur faire parvenir la version PDF de son exposé, surtout les nombreux tableaux de chiffres ou graphiques présentés. Une semaine plus tard, et malgré une relance, l’auteur de ces lignes – peut-être identifié comme hérétique dangereux – n’a rien reçu. Ce qui suit découle donc de la réécoute de l’enregistrement sonore fait (on n’est jamais trop prudent) pendant la conférence. Ce n’est pas parfait mais bien suffisant, et puis ce n’est pas de notre faute !

Ajout du 18/12 : le pdf promis est venu, en retard, mais venu, dont acte.

L’exposé comporte 6 parties : 1 – L’historique de la politique énergétique française/ 2 – La situation énergétique (mondiale et française) actuelle / 3 – La transition énergétique et ses moteurs (sobriété, efficacité, déploiement d’énergies renouvelables) / 4 – Quel mix énergétique pour l’avenir ? / 5 – Un objectif possible : 100% renouvelables / 6 – Investir dans les énergies renouvelables.

Il serait fastidieux de reprendre ce plan et résumer ici chacune de ces parties. En effet elles sont longuement et amplement faites (au moins pour tout ce qui vient avant le point sur le déploiement des énergies renouvelables) de données factuelles ou largement partagées, en particulier pour tout ce qui touche à la sobriété, ou l’efficacité des technologies. L’auditoire est un peu noyé sous une avalanche de notions (énergie primaire, énergie finale, rendements, facteurs de charge, etc.) de chiffres ou graphiques, le tout le plus souvent (mais pas toujours, on y reviendra) incontestable à condition de ne pas être interprété tendancieusement. Et puis cela fait « scientifique ».

Il est plus intéressant d’essayer de comprendre comment Joel Guerry veut conduire son auditoire à la conclusion qu’il faut et que l’on peut sortir de l’énergie nucléaire tout en sortant des énergies fossiles.

D’abord parce que le nucléaire n’a pas l’importance quantitative qu’on croit. Il ne représente en 2020 que 2% de la consommation finale mondiale d’énergie, et 18% de la consommation finale française. D’ailleurs en France toutes les énergies renouvelables confondues sont presque au même niveau que le nucléaire. Première conclusion : quelque chose qui ne tient pas la place qu’on imaginait est quelque chose dont on devrait pouvoir se passer .

Ensuite parce que moyennant des efforts substantiels (sur lesquels nous sommes tous d’accord, encore faut-il s’organiser pour le faire) de sobriété et d’efficacité, à l’horizon 2050 la réduction de la consommation finale d’énergie en France devrait « être de plus de 50% ». En gros on diviserait nos besoins par 2. Avec une telle réduction des besoins, pourquoi s’acharner dans le nucléaire ? On objectera juste que cette division par 2 parait énorme… Elle ne pourrait se faire que par des remises en cause drastiques de nos modes de vie qui poseraient des problèmes politiques aigus.

Troisièmement parce que l’évolution des coûts de production va dans le sens d’un renchérissement du nucléaire, surtout dans le domaine des EPR, et d’une baisse continue des énergies renouvelables. Donc continuer dans le nucléaire serait un entêtement économiquement insensé. La faiblesse de cet argument (qui cependant n’est pas dénué de fondement, ce pourrait être l’occasion d’une discussion approfondie) est qu’il brasse beaucoup de chiffres les uns solidement étayés (le coût du nucléaire historique) les autres conjecturels (le coût des EPR) ou peu fiables car provenant d’une myriade d’entreprises privées (le coût de l’éolien et du solaire). Même si les sources s’appellent Cour des comptes ou Commission de régulation de l’énergie.

Enfin parce que la production d’électricité par le nucléaire est peu compatible techniquement avec celle produite par les renouvelables non pilotables (éolien et solaire). En effet quand il y a abondance de vent et de soleil il faudrait arrêter la production nucléaire inutile, et la reprendre quand il y a trop peu de vent et de soleil ; or une centrale nucléaire ne s’arrête pas et ne redémarre pas au doigt et à l’œil. Selon une thèse de doctorat récente il faudrait, pour que le nucléaire fonctionne correctement, que la part de l’éolien et du solaire dans le mix énergétique ne dépasse pas 30%. Afin d’imager sa démonstration pour les esprits villageois que nous sommes Joel Guerry montre un graphe de la composition de la production d’électricité des mois de janvier et juin 2019, dans lequel il a multiplié par 15 le poids de l’éolien et du solaire (pour simuler une situation où ces énergies seraient beaucoup plus développées qu’aujourd’hui). Évidemment le nucléaire est écrasé, réduit au rôle de force d’appoint épisodique qu’il ne peut techniquement jouer. Ceci ne convaincra que les candides car une multiplication par 15 des ENR vent + soleil en 2019 reviendrait à leur faire produire environ 150% de la production totale nécessaire de cette année-là, ce qui est absurde !

Après avoir vu pourquoi il faudrait sortir du nucléaire, Joel Guerry passe en revue l’arsenal des techniques censées pouvoir le remplacer, lui et les énergies fossiles. C’est plutôt une litanie d’injonctions, face à quoi on pense : « plus facile à dire qu’à faire ». Développer les moyens de stockage de l’énergie (batteries, pompage-turbinage, etc.). Produire de l’hydrogène par électrolyse, etc. Revoir les réseaux électriques … Et bien sûr développer l’éolien partout.

Enfin … Pas partout. Au début, dans le nord et l’est de la France, les gens ont accepté les éoliennes. Aujourd’hui ils n’en veulent pas davantage. Trop c’est trop, nous dit Joel Guerry (nous, nous pensons plutôt qu’au début une majorité d’habitants amorphe laissait faire parce qu’elle ne mesurait pas les conséquences, et quand elle a compris, le nez sur le problème, à quoi elles ressemblaient, elle s’est – mais trop tard – réveillée).

Donc puisque là-bas, trop c’est trop, il faut que nous fassions notre part du boulot. En région AURA et entre autres en Bugey « il y a de la place ». Et il faut en mettre ici. Le maire de Ruffieu a voulu être démocrate en faisant voter les élus, il lui aurait d’abord fallu travailler et convaincre l’opinion…

Pour finir signalons une inexactitude et une prophétie de Joel Guerry.

Il est inexact d’affirmer comme il l’a fait que « la France paie des pénalités à l’UE pour retard dans son déploiement des énergies renouvelables ». Il pourrait en être question mais la France s’y oppose en faisant valoir que son mix énergétique est le moins émetteur de CO2 d’Europe. Ces discussions pourraient durer encore des années…

Prophétie de Joel Guerry : « L’Allemagne sortira des énergies fossiles (elle est déjà sortie du nucléaire) en 2035, voire 2030 ; car l’Allemagne fait toujours ce qu’elle dit. Elle en prend les moyens. C’est un pays sérieux. Si la France persiste dans le nucléaire elle vivra à la même époque dans un régime d’électricité rare et bien plus chère que dans les pays voisins ».

On verra si cette germanophilie est bonne inspiratrice. Je m’engage à lui faire parvenir (car j’ai bon espoir de durer jusqu’en 2035) une caisse de champagne si les faits lui donnent raison à cette date.

Edmond Varenne

5 décembre 2023 : une conférence « Un autre visage énergétique de la France est possible ». Suivi d’une note additionnelle du 7 décembre…

Proposée dans la salle des fêtes du Grand-Abergement par la commune de Ruffieu, le 8/12/2023 à 20 h 30, elle sera animée par M. Joel Guerry, ingénieur retraité en « énergie et pollution », et membre du réseau « Sortir du nucléaire ». Accessoirement conseiller municipal d’Ambérieu.

Il s’agit de la version mise à jour d’un exposé qui tourne dans la région depuis quelques années et dont le thème central ne devrait pas différer beaucoup de ce qui suit :

Tout d’abord sera fait un rapide historique de la politique énergétique de le France en lien avec le programme militaire de dissuasion, pour aboutir à la situation énergétique actuelle de la France : 58 réacteurs à eau pressurisée ( construits en 23 ans depuis les années 70 – FESSENHEIM et le BUGEY sont les plus anciens ). En 2017 l’énergie nucléaire fournissait 68 % de l’énergie électrique mais seulement 17% de l’énergie totale consommée ( 39% pour le pétrole). Le « résidentiel et tertiaire » est le secteur d’activité qui consomme le plus.

Puis de nombreux exemples seront donnés de ce qu’est ce qu’est la transition énergétique, en distinguant énergie primaire et énergie finale, et en insistant sur l’importance prépondérante de la sobriété et de l’efficacité. Concernant les différentes énergies renouvelables, on soulignera la mauvaise situation de la France par rapport à celle de nombreux pays, dont l’Allemagne et la Chine.

Ces sources d’énergies électriques sont complémentaires si elles sont interconnectées par un réseau adapté. Selon différents scénarios il est possible de se libérer de l’énergie nucléaire, plus ou moins rapidement.

Malheureusement, la France affecte au nucléaire des moyens financiers considérables au détriment des renouvelables. Nous sommes donc (dira à peu près Joel Guerry) dans une non transition énergétique: le mauvais choix a été fait tant sur le plan financier, technique que sécuritaire. D’ailleurs, au niveau mondial la contribution du nucléaire domestique baisse malgré les investissements de la Chine ( EPR ). Ce n’est pas une solution d’avenir.

Avis aux amateurs, on vérifiera le contenu réel de cette conférence.

Note additionnelle du 7/12/2023 : le conseil municipal de Ruffieu, tenu le 6 décembre, a constaté l’impossibilité de proposer (dans le cadre de la loi d’accélération de mars 2023) sur le territoire de la commune la moindre zone propice au déploiement des énergies renouvelables; ceci notamment en raison de l’opposition qui s’était manifestée au projet de parc éolien. Cette prise de position semble enterrer pour longtemps toute initiative en la matière. Le maire a d’autre part lu une circulaire administrative visant à éclairer les élus sur l’application de cette loi d’accélération. Il y était dit que les communes restent les seules maitresses du jeu et ne seront pas tenues d’accepter les propositions du référent départemental.

On fera le point de cette affaire d’accélération dans quelques temps.

15 novembre 2023 : ce qu’on sait des actualités de la vie locale…

Il n’est pas facile de savoir ce qui se prépare. La presse locale ne réagit qu’après coup, et le désir de communication, a fortiori de transparence, n’est pas vraiment l’obsession des divers conseils municipaux et communautaires.

Parmi ceux-ci, on observe plusieurs catégories. Ruffieu et Arvières-en-Valromey n’ont pas de site web ; pour savoir de quoi ont débattu les élus (officiellement, du moins) il faut soit assister aux conseils municipaux, soit se déplacer devant les panneaux d’affichage et lire : peu commode mais incite à la promenade. Champagne a un site web sur lequel on trouve des PV de conseils réduits au squelette des votes délibératifs ; donc peut mieux faire. Valromey-sur-Séran et Haut-Valromey font mieux, les PV de conseils étant plus généreux en informations sur les tenant et aboutissant des différents votes. Quant à la communauté de communes elle est évidemment beaucoup mieux équipée humainement pour informer, le problème étant plutôt que les documents et annexes « techniques » y écrasent les informations plus accessibles au commun des mortels.

Ceci étant dit, quoi de notable récemment à propos des sujets qui nous préoccupent sur ce site ? (en italique nos remarques, dont nous assumons la responsabilité)

Haut-Valromey, 5/09/2023

Les pompiers ont dû intervenir 8 fois en 2022 et 3 fois en 2023 pour éteindre des feux partant sur la décharge verte du Petit-Abergement. Pour éteindre deux feux il a fallu déverser 20 000 litres d’eau en pleine période de sécheresse, ce qui est choquant. Le SDIS et l’ONF attendent de la commune qu’elle remédie à ce problème. « M. le Maire propose de clore la décharge déchets verts et d’en ouvrir l’accès seulement ½ journée par semaine ». Mais : « une réflexion sur les modalités de mise en œuvre de cette fermeture est proposée ». Conclusion : apparemment on réfléchit.

Valromey-sur-Séran, 12/09/2023

Dans les questions diverses : où en est-on du projet CVE (centrale hydroélectrique) ? Mme la Maire ira aux nouvelles. On rappelle que CVE est une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables, qui a proposé la construction d’une petite centrale hydro-électrique sur le Séran. Détails à découvrir sur hydro-valromey.fr. Mise en service envisagée en 2025. Production annuelle jugée possible : 3 GigaWh. Pour information la centrale du Groin, mise en service fin 2006, produit en moyenne 11,4 GigaWh par an. Pour s’y retrouver dans les Giga, méga, etc… voir notre article antérieur « quelles énergies voulons-nous ? » .

Mention est faite d’une réunion prévue le 20/09 à 9 h à Thézillieu avec la préfète sur l’obligation des communes de fournir « un schéma de zones d’accélération des énergies renouvelables ». Voir également notre page consacrée à la loi d’accélération.

Note : au conseil de Ruffieu tenu le 4/10 le maire n’a fait aucune allusion à cette réunion à laquelle il avait logiquement assisté.

Compte-rendu rapide de la réunion du 11/09 avec l’ONF. 64% des bois exploités sont secs ou dépérissant. La forêt de demain sera forcément « mosaïque ».

Conseil de la CCBS, 19/10/2023  (en particulier contrat de relance et de transition écologique)

Ce « contrat de relance et transition écologique », en abrégé CRTE, redéfinit, met à jour ou rappelle tous les objectifs en la matière (initialement fixés en 2021). Au chapitre de la politique de mobilité, rien de spécifique au Valromey si ce n’est des encouragements au covoiturage… (« Mise en place d’un service de covoiturage et d’autopartage à l’échelle de la CCBS à partir de 2024 »). Sur les cartes présentées au conseil le Valromey apparait comme une grande zone vide au nord.

« Mise en place d’un service de covoiturage et d’autopartage à l’échelle de la CCBS à partir de 2024 ».

Une idée des coûts de certaines opérations : la réalisation d’une voie douce multimodale Virieu-Peyrieu (22 kms) est prévue (à l’horizon 2030) pour 3 750 000 euros… Une voie verte Cressin-Culoz (8 kms) à horizon 2025 coûtera 1 000 000 euros.

Solarcoop à la foire d’Hotonnes, le 21/10/2023

La coopérative solaire « Solarcoop », née dans le Rhône en 2021, présentera sur le stand de « NecBugey » (son équivalent bugeysan) son offre de panneaux solaires destinés à l’autoconsommation électrique. Il s’agit d’une formule que l’on se doit de privilégier dans nos territoires, dans la mesure du possible et du raisonnable, bien entendu. Voir d’ailleurs à ce sujet l’article précédent sur notre site.

L’objectif de ces panneaux est de produire l’électricité nécessaire à la consommation minimum d’un foyer (en gros ce qui est nécessaire à l’alimentation de la VMC, des appareils qui restent en veille, des réfrigérateurs et congélateurs). Un panneau, connecté par une simple prise au réseau de la maison, peut produire dans nos régions environ 400/500 kwh annuellement, ou si l’on préfère procurer une économie de près de 100 euros. Pour un prix d’achat de l’ordre de 700/800 euros on a donc un retour sur investissement en 8 ans, ce qui est classique en matière de photovoltaïque.

Toutefois ce n’est pas aussi facile à installer qu’un four à microondes. Chaque panneau pèse 25 kg et mesure 1,90 m sur 1,20 m. Le plus simple est de l’installer au sol, à condition que l’espace s’y prête. Sur un toit bien orienté l’efficacité est maximale, mais l’installation plus délicate.

Pour avoir beaucoup d’informations en première urgence allez sur le site : https://www.solarcoop.fr

… ou rendez-vous à Hotonnes le 21/10. Un achat groupé est possible si vous vous décidez avant le 29/10.

Quelles énergies voulons-nous ? quelques idées claires.

La loi dite « d’accélération » des ENR (énergies renouvelables), plus précisément loi 2023-175 du 10/03/2023, fait aux conseils municipaux, ou communautaires – on ne sait pas bien –  l’obligation, d’ici la fin novembre 2023, de transmettre aux services préfectoraux des propositions de mise en œuvre d’énergies renouvelables sur certaines zones de leur territoire. Ces propositions doivent être élaborées en concertation avec le public « selon des modalités librement définies », et examinées par les Communautés de communes. Elles seront ensuite révisées et coordonnées par les services départementaux et régionaux avant de revenir vers les communes et le public sous forme d’une cartographie impérative.

L’objectif de la loi est de rattraper le « retard » pris par la France dans le déploiement des « énergies renouvelables » tout en respectant 4 axes de travail :

  • Planifier le déploiement des ENR avec les élus ;
  • Simplifier le processus de déploiement des ENR ;
  • Mobiliser les espaces déjà artificialisés ;
  • Partager la valeur des projets avec les territoires qui les accueillent.

Outre les efforts demandés à la « bonne volonté » des communes, la loi prévoit des obligations diverses aux acteurs privés et publics comme implanter des ombrières photovoltaïques sur la moitié de la surface des parcs de stationnement extérieurs de plus de 1 500 m2, ou diverses normes techniques dans le cas de la construction d’immeubles, etc.

Il est donc important que les élus municipaux (qui siègent directement ou indirectement aux conseils des Communautés de communes) et plus largement le public aient quelques idées claires sur ce qu’est l’énergie, plus précisément l’énergie renouvelable, quelles formes elle peut prendre (pas uniquement celles privilégiées par les groupes de pression qui promeuvent l’éolien et dans une mesure moindre le solaire) et quels sont les avantages et inconvénients des unes et des autres. Ceci afin que les débats à venir soient nourris par une connaissance minimale des données du problème plutôt que par des réflexes de pensée plus ou moins automatiques.

Pour lire un texte résumant les éléments essentiels à la maitrise du sujet, consultez (en le téléchargeant) le fichier ci-dessous.

Loi d’accélération : une réunion d’information avait eu lieu en avril à la préfecture de l’Ain…

En avril les élus du département de l’Ain ont été conviés à une réunion au cours de laquelle ont été résumées les dispositions principales de la loi d’accélération de mars 2023.

Elle permet de préciser les éléments que nous avions déjà détaillés à la page « loi d’accélération ». On peut consulter le webinaire ici.

Notons que les élus ont été également conviés à une journée de « partage de connaissance » le 28 juin 2023 sur les filières les plus déployées dans l’Ain avec visites de sites de production.

Affaire à suivre.

Pour le moment, le projet éolien de Ruffieu s’arrête.

Constatant, au cours du conseil municipal du 7 juin, que sur 8 communes consultées par ses soins, 6 sont contre, une est neutre et une seule (la sienne) est en faveur du projet, M. Broussard, maire de Ruffieu, a décidé de ne pas aller plus loin.

Fin d’une affaire qui avait commencé discrètement au début de septembre 2022, avait été portée, par des rumeurs, à la connaissance d’un plus large public début février avant d’alimenter une contestation de plus en plus vive.

M. Broussard a donc eu la sagesse de comprendre qu’un projet qui se développerait à la seule initiative d’un groupe de quelques personnes bien qu’en concernant quelques milliers d’autres serait forcément mal parti. Et de la consultation qu’il a lui même organisé il a tiré les conclusions les plus logiques.

Si nous titrons « Pour le moment… » c’est que la question plus générale de l’énergie n’est pas tranchée dans le Valromey et sur le plateau d’Hauteville. Dans le cadre de la « loi d’accélération » elle ressurgira forcément (plus ou moins) avec de bonnes et de mauvaises idées. Il faut donc rester vigilant.

Projet éolien de Ruffieu. Situation le 7 juin 2023 au matin.

En avril, compte tenu du climat de contestation qui se développait autour du projet, M. Broussard, maire de Ruffieu, décidait de lancer une consultation des communes voisines, plus précisément de leurs conseils municipaux. Il s’agissait des 4 autres communes du Valromey (Valromey/Séran, Arvière en V., Champagne, Haut-Valromey) et des trois communes du Plateau de Hauteville (Plateau de H., Champdor-Corcelles, Brénod). Louable initiative, a priori.

Nous avons demandé à recevoir une copie de la lettre envoyée à ces 7 communes, sans succès, le maire de Ruffieu n’y tenant pas. Au fur et à mesure que des échos nous parvenaient des premiers conseils municipaux débattant de cette question, il apparaissait que la « règle du jeu » définie par M. Broussard consistait à ne tenir compte que des « non » au projet. Toutes les « non-opposition », qu’elles consistent en un « oui » ou un vote « ni oui ni non » seraient considérées comme valant « oui ». Chose assez curieuse puisque dans tous les scrutins officiels le vote blanc n’est pas décompté. Mais passons. Dans ces conditions M. Broussard considérait qu’il ne renoncerait à son projet que si 5 communes au moins sur les 7 consultées s’y opposaient.

Peu à peu les communes ont délibéré sur base des informations données par le maire de Ruffieu, qui ne dissimulait pas les principales caractéristiques du projet : 4 à 7 machines de 200 m de hauteur sur les crêtes de Valorse, 1 700 hectares de terrain concédé, l’objectif étant de prendre sa part de la nécessaire production d’énergie propre dans le cadre d’une électrification massive des activités économiques et quotidiennes.

Brénod, qui avait pourtant porté un projet similaire (abandonné pour des raisons techniques) se montrait dubitatif et votait « ni oui ni non ». Arvières en Valromey et Valromey sur Séran votaient « non ». Ils étaient rejoints le 22 mai par Champagne. À ce stade : 3 « non ».

Le 31 mai, Plateau d’Hauteville votait « non ». La surprise n’était pas dans la réponse « non », cette commune étant au premier chef impactée dans sa dimension touristique. Elle était dans l’unanimité avec laquelle ce vote était acquis. C’était donc le 4ème « non ».

Sachant que Haut-Valromey hésitait beaucoup jusque-là sur la conduite à tenir, on attendait que Champdor fasse la décision, par un probable 5ème « non ».

Mais Champdor avait prévu son conseil le 15 juin, pas avant. Or celui de Haut-Valromey était prévu le 6, celui de Ruffieu le 7. D’où le scénario suivant : le 6, M. Broussard est invité à défendre son point de vue devant le conseil de Haut-Valromey, qui ensuite procède à un vote. Si le résultat est en faveur du projet, ou si les pour et les contre s’équilibrent, le lendemain 7 M. Broussard fait voter par le conseil de Ruffieu une résolution l’autorisant à signer la promesse de bail. Cette résolution a été prévue à l’ordre du jour connu depuis le 3 juin. Quant à Champdor il n’avait qu’à être plus rapide…

Comme prévu le conseil de Haut-Valromey, juste avant le début de sa réunion, a entendu pendant 50 minutes les arguments de M. Broussard et les réponses qu’il fit aux questions posées par certains conseillers. Comme on le craignait le maire de Haut-Valromey a refusé aux représentants de « Notre Valromey » de présenter leur version des choses. M. Broussard a quitté la salle.

A ce moment, compte tenu de la façon dont s’étaient déroulés les échanges, et surtout du silence d’une bonne moitié des conseillers, le résultat du vote semblait très incertain. Pourtant il fut très clair : sur 17 suffrages exprimés, 11 étaient contre, 3 s’abstenaient, 3 étaient pour. Une cinquième commune venait de s’opposer.

Dans ces conditions on voit mal comment le conseil de Ruffieu pourrait voter ce soir, 7 juin, une délibération lançant le projet de parc éolien !

Mais on a vu tant de choses… À suivre.